mercredi 2 juillet 2014

Deux tas de sable au bord d'un lit - Eric Lysoe

Deux tas de sable au bord d'un lit, de Eric Lysoe

58 pages
Editions House Made Of Dawn
Parution : 29 mars 2014
Livre électronique

Présentation de l'éditeur :
"Un matin, Tristan Farrel se réveille et trouve deux petits tas de sable fin au pied de son lit.
L'étonnement passé, un lointain souvenir refait alors lentement surface : un voyage en Algérie, en terre Tassili. Un voyage onirique, poétique et mystérieux en plein cœur du désert.
Tandis qu'il s'enfonce dans ses souvenirs, la signification de ces deux tas de sable se révélera peu à peu à lui." 




     Que vous dire de ce petit livre ? A part qu'il est surprenant ?

     Tristan Farrel, chercheur en anthropologie et passionné des rites et croyances culturels, se réveille un matin et découvre deux petits tas de sable au bord de son lit. D'abord surpris, il se souvient en avoir déjà vu de semblables au cours de sa vie. C'est l'occasion pour lui de se replonger dans sa mémoire et de se souvenir de ce voyage en Algérie, effectué dans les années 80. Un voyage mystérieux, emprunt d'une grande interrogation, mais qu'il avait mis dans un coin de sa mémoire, et que le temps avait peu à peu enseveli.
     C'est l'occasion pour lui de revivre ce voyage en terre Tassili où il avait rencontré deux femmes, si différentes et si semblables à la fois. Deux femmes qui l'ont marqué pour le reste de sa vie, sans qu'il se rende compte à quel point. C'est là qu'il a vu ces tas de sable.
     Comme un appel du désert, il retourne sur les lieux de son passé, et si alors la lumière lui était donnée ? Si enfin il comprenait ce qui lui était arrivé, il y a 30ans dans ce désert ?

     Ce texte est à la fois carnet de voyage et voyage initiatique. Tristan part à la recherche non pas de son passé mais de lui-même. Et quand il se sera enfin confronté à la réalité, il pourra décider quel sens donné ou non à sa vie.

     Je n'ai pas vraiment accroché au personnage de Tristan, je l'ai trouvé neutre, et sans grand intérêt, mais j'ai beaucoup aimé celui de Dihya, et son envie de redonner à travers elle la vie à son amie. J'ai trouvé cette image vraiment émouvante, et pleine de toute la sensibilité et du traumatisme d'une enfant de 6ans, qui ne peut croire et comprendre la mort de son amie. Dihya est une figure de la féminité et de la maternité qui m'a plu, simple mais puissante.

     Dans ce texte Eric Lysoe nous emmène à la frontière du rêve et de la réalité, le lecteur ne sait pas plus que Tristan qu'elle est la dose de chacun dans les évènements. La réalité laisse ses traces, le rêve aussi, comment démêler tout cela ? qui peut comprendre ? Tristan, seul, face à ses souvenirs, ne comprenant pas, incompris des autres, choisira de garder ces souvenirs comme de doux rêves, aura-t-il raison ?
L'adage nous dit " Ne rêve pas ta vie, Vis tes rêves !" et si c'était aussi simple que cela ?

     A travers ce texte, l'auteur nous montre également que les croyances et les rites, sont souvent proches quelque soit le coin de la planète où l'on se trouve, et que la frontière entre le monde des vivants et des morts est faible : les vivants ont besoin des morts pour avancer et pouvoir vivre, ils sont un soutien, une béquille invisible.
     J'avoue ne pas vraiment avoir compris la réaction de Tristan après son second voyage en Algérie, une façon rapide pour l'auteur de trouver une fin à ce livre ? De pouvoir appliquer une fois de plus sa petite trouvaille ?

     Côté écriture, j'avoue avoir eu du mal à rentrer dans l'histoire, j'ai d'abord trouvé le style un peu lourd avec un manque de fluidité, cela s'estompe lors du second voyage. Pas d'accroche particulière avec la plume de cet auteur, donc.
    Et j'ai un peu soupiré à la lecture des scènes de sexe, sur le coup je n'ai pas compris ce qu'elles faisaient là, la fin de ma lecture leur a donné un sens, mais la façon dont elles sont décrites m'a du coup dérangée. La première est peut-être trop érotique, trop "du sexe pour du sexe", la seconde est trop commentée avec les expressions dans les yeux de la demoiselle, et la dimension hiératique. Je pense qu'elles auraient pu facilement être écrites de façon plus pertinente, et plus douce, pour mieux coller avec leur justification finale.

    C'est un petit texte, sympathique et original à lire, pas parfait à 100% mais qui fait passer un bon moment.

    "J'avais vécu des années sans songer à elle un instant. Je me demandais pourtant si ce n'était pas sa voix un peu rauque, le diamant sombre de ses yeux, la courbe pleine de ses seins que j'avais cherchés dans chacune des femmes que j'avais prises dans mes bras. Et n'était-ce pas parce qu'aucune d'entre elles n'avait pu répondre à mes attentes informulées que je n'avais su en choisir une parmi toutes, pour m'accompagner jusqu'au seuil de la vieillesse ?"

    "Réssusciter un passé enfoui de longue date ne suffisait cependant pas à expliquer la présence de sable dans ma chambre."

    "Ai-je cependant besoin de l'entendre formuler explicitement une vérité dont je pressens, depuis la veille, les contours ? Peut-être un vague besoin de confort intellectuel me fait-il attendre d'elle la confirmation de ce qui m'apparaît de toutes façons comme une évidence ?"

    Je remercie les éditions House Made of Dawn et le forum Have a break, Have a book  pour la découverte de ce livre.

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